Conclusion
A partir des outils et méthodes décrites dans ce document, il devrait être possible pour tout responsable d'espace protégé de piloter une étude de fréquentation. Les techniques exposées, la variété des métiers qu'une telle étude suppose, ne lui permettront cependant pas de réaliser cette enquête avec les seuls moyens dont il dispose, à supposer qu'il en ait le temps.
Il s'agit donc, répétons le, à partir d'une approche partielle et qui ne prétend pas à l'exhaustivité, de l'aider à connaître la fréquentation de l'espace d'une manière structurée: c'est un guide pour concevoir cette enquête, en déterminer les objectifs, sélectionner les prestataires qui l'aideront dans cette mission, programmer cette démarche dans la durée.
Le recueil des données quantitatives est fondamental pour l'ensemble du dispositif. Le stockage de ces données, leur accessibilité feront l'objet de soins vigilants. Ce recueil des données se développe autour de 2 grandes phases :
- les enquêtes « lourdes », celles qui engagent des ressources conséquentes, en termes humains, matériels et budgétaires. Elles ont lieu tous les 5 ans environ. Elles ont pour but de déterminer les bases statistiques indispensables à une bonne vision de la fréquentation de l'espace protégé dans son ensemble. Elles ont également pour but de suivre l'évolution qualitative de la fréquentation (les profils, les perceptions, les attentes). Elles appellent des partenariats de différentes natures (université, Ministères, autres espaces protégés).
- les dispositifs de suivi intermédiaire, plus légers, qui interviennent à intervalle régulier entre deux enquêtes lourdes. Ils ont principalement pour vocation de suivre quelques données de base afin d'anticiper toute rupture dans l'évolution de la fréquentation. Par exemple, une fois déterminés les ratio de base (rapport comptage routier/randonneurs, nombre de passagers par voiture, charge des parkings, capacités d'accueil, de charge ou d'aménagement 10 , la seule mesure du trafic routier sur les itinéraires d'accès permettra au gestionnaire d'évaluer la fréquentation sur ses principaux sites. Attention, cette évaluation n'est valide qu'à environnement constant. Cette mesure du trafic routier sera optimale avec la mise en place d'un partenariat avec la DDE (échange de données et traitement contre prêt de compteurs).
De plus en plus, se développent de nouveaux moyens d'enquête qualitative (administration de questionnaires), qui simplifient le recueil des données. Par exemple, les enquêtes assistées par ordinateur (CAP.I. 11) permettent d'adapter finement le questionnaire à l'interviewé: les questionnaires peuvent être différents selon les profils, le lieu, les motivations, l'ordinateur gérant automatiquement les questions filtres. Les enquêtes assistées par ordinateur permettent par ailleurs de suivre en temps réel le déroulement de l'enquête. Elles évitent également certains problèmes de saisie (si la saisie n'est pas correcte, l'ordinateur peut émettre un bref signal).
L'analyse des données entre deux enquêtes lourdes ne nécessite pas d'équipement particulier, si ce n'est un bon tableur pour reporter les différentes correspondances et valider quelques scénarios.
L'analyse sera grandement facilitée si, en lieu et place des tableaux statistiques peu lisibles et souvent source de contre-sens, on utilise des illustrations visuelles ou graphiques. Ainsi, quel que soit le contexte (enquête lourde ou dispositif de suivi intermédiaire), l'exploitation cartographique des données devra être envisagée. La carte est ainsi une représentation directe de ce que les gens voient et illustre la pression des visiteurs sur le milieu écologique. De fait, la gestion du territoire passe de plus en plus par la représentation cartographique. Il est, dès lors, indispensable d'intégrer les données nécessaires au modèle du SIG dès l'étude préalable lors de la définition des variables de l'enquête de fréquentation, faute de quoi les résultats cartographiques risquent d'être décevants. 12 Il est donc conseillé de se rapprocher des équipes maîtrisant le SIG dans l'espace protégé avant de déterminer les protocoles d'enquête.
De même, la visualisation sous la forme de mappings permet de nourrir l'intuition et de représenter simultanément « la cartographie des profils, des perceptions ou des attentes ».
La restitution des résultats est une étape essentielle de l'enquête, quelle qu'en soit la forme : elle vient alimenter la base de connaissance des espaces protégés (la richesse de l'espace, ses besoins d'aménagements, son profil de fréquentation) et permet d'apporter des réponses solidement documentées à des questions ayant même un lien très indirect avec la fréquentation. Elle permet aussi de nourrir les échanges et le dialogue entre l'Espace protégé et son environnement socio-économique, y compris au delà de seuls partenaires au plan touristique. Elle vient notamment renforcer l'image de l'institution, en contrepoint du territoire, que ce soit auprès des visiteurs ou des partenaires.
10 Voir annexe technique
11Computer Assisted Personal Interview
12Comme disent les anglo-saxons " garbage in, garbage out "